Immigration, trahison et encartage

Par le 15 janvier 2009

Au jeu des chaises musicales ministérielles, un grand gagnant émerge cette semaine. Eric Besson, ancien ponte du parti socialiste, n’en finit plus d’accomplir le retournement de sa veste. Que dire, de sa chemise, de son maillot de corps, voire même de ses chaussettes. Voyage au pays des félons.

L’année 2009 commence plutôt bien pour Eric Besson. Le traître qui planta un couteau dans le dos de Ségolène Royal n’en finit plus de faire hurler les sirènes du PS. Pour commencer, le félon devrait renoncer une bonne fois pour toutes à ses anciennes amitiés. Qu’on se le dise, Eric Besson n’a définitivement plus rien de socialiste. Le Monde indique en effet que l’ancien dirigeant de gauche « sera nommé secrétaire général adjoint […] le 24 janvier, lors d’un conseil national du parti majoritaire ». Belle promotion pour un homme qui, à l’heure actuelle, n’est toujours pas encarté à l’UMP. Tant de bonne volonté, il y a de quoi rester rêveur… Pour l’Express, « parmi les « traîtres », il restera toujours le premier. Celui qui a assumé avant les autres et qui a légitimé la démarche : la pierre angulaire de l’ouverture ». De quoi justifier l’attachement particulier que lui porte le chef d’Etat. A l’UMP, les jaloux murmurent au Canard Enchainé qu’Eric Besson serait « le chouchou du président. Le premier de la classe ».

Car jaloux il y a : Eric Besson est pressenti pour recevoir d’ici peu le prix de son dur labeur. Exit son ancien titre un brin poussif de secrétaire d’Etat à la prospective, à l’évaluation des politiques et à l’économie numérique. Place au nouveau ministre de l’immigration. Libération s’amuse et rappelle qu’il y a tout juste deux ans, le transfuge critiquait joyeusement ce portefeuille. Petit morceau choisi : «En supprimant ou en restreignant fortement les principaux dispositifs de régularisation, Nicolas Sarkozy se prive des outils permettant une régularisation au fil de l’eau et évitant ainsi les régularisations de masse. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l’immigration clandestine !».

Une promotion qui pourrait alors s’avérer un poil casse gueule. D’autant plus que la barre a été plutôt haut placée par son prédécesseur. L’heure est au bilan pour Brice Hortefeux qui se glorifie d’avoir effectué plus de 29 000 expulsions en 2008 au lieu des 28 000 prévues. Un « bilan « truqué » et « totalement inhumain » » selon le Figaro rapportant les propos de la ligue communiste révolutionnaire. Citoyens de l’Union européenne non-expulsables, retours volontaires financés par le ministère, rafles et contrôles à tout prix, les chiffres de l’immigration continuent d’être entachés par des pratiques peu recommandables.

Honni soit qui Mali pense

La tâche d’Eric Besson, « sans états d’âmes » selon France Soir, ne sera donc pas des plus aisées. La preuve en est des tribulations téméraires de Brice Hortefeux au Mali. Ne sachant plus quoi faire de ces ambassades qui refusent de reconnaitre leurs compatriotes, rendant ainsi toute expulsion impossible, le ministre a su prendre son courage à deux mains et s’embarquer, comme il sait si bien le faire pour les autres, dans un avion à destination de l’Afrique. Petit souci, le toujours-ministre de l’immigration sous-estime l’impact de l’argent envoyé par les 130 000 maliens vivant en France au pays. Le Canard enchainé déclare en effet qu’à « eux seuls, ils aident deux fois plus le Mali que les miettes distribuées par l’Occident au titre de l’aide au développement ». Et dans sa petite valise diplomatique, Brice Hortefeux n’avait à proposer en échange que quelques 1500 régularisations annuelles de maliens. Ridicule. Surtout lorsque l’on sait que c’est le quatrième refus consécutif du Mali à signer un accord avec la France sur le sujet. Attention, connaissant la rigueur de conviction du futur titulaire Eric Besson, méfions nous qu’il n’adhère pas brusquement à un comité d’hébergement des clandestins, ou encore qu’il n’aille s’enchaîner à l’une des ailes de l’un de ses charters.

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à propos de l'auteur

Auteur : Antoine Jaunin

Le journalisme a toujours été l’une de mes envies profondes. Après avoir obtenu une licence en Droit, je décidais donc de tenter ma chance en poursuivant un cursus de Science Politique. Bravant les incertitudes liées à l’avenir de cette profession, je choisis de migrer vers le Sud afin de rejoindre ce Master. Depuis, plusieurs expériences m’ont conforté dans l’idée de faire de l’écriture mon métier : J’ai effectué des stages, à Midi Libre ou au Montpellier Plus et participé à l’élaboration d’un journal étudiant. Actuellement, je collabore à l’écriture d’une émission hebdomadaire satirique pour Radio Clapas.