4/4 Tout est bon dans le déchet : Déméter redonne vie à nos poubelles.

Par le 25 novembre 2012

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». La phrase, empruntée au chimiste Lavoisier, résonne comme un leitmotiv dans la bouche d’Alex Arnal, responsable de la société SMTVD [[Société Montpelliéraine de traitement et de valorisation de déchets]] qui exploite le centre Déméter de la CAM sur l’agglomération de Montpellier.

Casque, gilet et couvre-chaussure sont de rigueur sur le site. La radio diffuse au volume maximum Anastasia et Jean-Jacques Goldman, faisant presque oublier le brouhaha incessant des machines.
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Les ouvriers, majoritairement des hommes, trient les matériaux qui arrivent en vrac sur un tapis roulant. Tous sont équipés de masques et de gants. Pourtant, l’odeur sur le site n’est en rien dérangeante, mais trier les poubelles jaunes peut s’avérer dangereux. Un ouvrier, une boîte en plastique remplie de seringues usagées entre ses mains déplore : « C’est probablement quelqu’un qui est sous assistance médicale et qui a cru bien faire en mettant cette boîte de plastique pleine de seringues à la poubelle jaune. ». Pourtant, le danger est réel. « Une à deux fois par an, il y a des cas de piqûre de nos employés par ces seringues usagées. L’ouvrier est immédiatement envoyé aux urgences et subit un suivi médical pendant trois mois.» précise Alex Arnal qui assiste, désolé, à la scène.
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Le centre reçoit parfois des déchets insolites. « 74 % des déchets qui sortent de nos locaux pour être recyclés sont du papier. Mais les gens jettent de tout dans le bac jaune. Pas plus tard que la semaine dernière, c’est une tête de sanglier que j’ai vu passer sur le tapis de tri. » s’amuse Alex Arnal.

25.% des déchets sont refusés et repartent en UIOM [[Unité d’Incinération des Ordures Ménagères]], couramment appelé incinérateurs.
« Les refus sont majoritairement dus aux erreurs de pré-tri des habitants. Mais le site a aussi du mal à recycler les petits objets comme les canettes en aluminium. » admet Alex Arnal. « L’agglomération de Montpellier qui possède Déméter et la société SMTVD [[Société Montpelliéraine de traitement et de valorisation de déchets]] qui gère le centre, travaillent sur l’amélioration du taux de refus. »

Le centre de tri Déméter a ouvert ses portes il y a 15 ans, sous l’impulsion du Districit (ex Agglo) qui anticipe alors la loi REP des producteurs d’emballages. « Dès 1992, Montpellier était la surdouée du tri sélectif, puisque Déméter était le deuxième centre de tri à s’implanter en France. » fait remarquer son responsable.
Mais si les techniques de tri évoluent à vitesse grand V, à Déméter, le tri se fait encore à la main. « Le centre qui n’a pas évolué depuis sa création doit être modernisé par l’agglomération dans les trois ans à venir. »
Cependant, innover dans le secteur du déchet est un processus complexe. Eco-emballage, premier maillon de la chaîne qui chapeaute le tri sélectif, cherche à recycler de nouvelles matières comme le plastique dur (les barquettes de jambons) ou les films plastiques. « Ce sont des expérimentations compliquées à mettre en place, car elles chamboulent toute la filière. » indique Alex Arnal. « Recycler les films plastiques, c’est habiliter tous les centres de tri à de nouvelles techniques, augmenter le volume de la poubelle jaune de 25%, donc le nombre de bacs, les passages de camion-benne, etc. Et puis il faut communiquer auprès de 60 millions de Français pour qu’une nouvelle matière entre dans le circuit. »

Chaque année, la progression en tonnage de déchets traités par Déméter est significative. En 2012, ce sont 22 000 tonnes qui doivent passer entre les mains des quarante-cinq employés du centre. C’était seulement 3.869 tonnes en 1997. « Cela peut s’expliquer par une augmentation de la consommation, une croissance démographique sur Montpellier, mais également une progression des gestes de tri. » souligne le responsable.
Une fois triées, les matières sont compactées et les balles s’alignent à l’extérieur du bâtiment, attendant d’être réinjectées dans notre quotidien. IMG_4416.jpg

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à propos de l'auteur

Auteur : Coralie Pierre

Devenir journaliste est plus qu’une vocation, c’est une évidence. J’ai passé une licence d’Histoire à Albi, puis je suis partie la valider aux Etats-Unis, en Pennsylvanie. J’ai ensuite suivi le Master de Sciences Politiques de Toulouse dans le but d’intégrer une formation de Journalisme, opportunité qui m’a été offerte à Montpellier. Je suis curieuse de tout et je me lance sans cesse des défis ; dernier en date, faire un stage dans un magazine web spécialisé dans la finance, la bourse et la gestion de patrimoine à Boulogne Billancourt (www.cafedelabourse.com)! A terme, j’aimerais travailler pour une boîte de production dans l’audiovisuel, mais je reste ouverte à toutes les propositions et tous les supports médiatiques. I also have a strong attraction for the USA and I would love to work in journalism there.