« 5, 4, 3, 2, Impro ! »

Par le 8 janvier 2013

Il est 21 heures à peine passées, les lumières de la Laiterie des Beaux-Arts, à Montpellier baissent d’intensité. Les derniers arrivés installent des chaises, où ils peuvent, entre les banquettes et les tables du restaurant. Les discussions s’éteignent dans un murmure tandis que quelques « chuts » agacés se font entendre.

Au centre de l’attention, ce vendredi 4 janvier, une petite scène de trois mètres sur deux. C’est sur ce rectangle, à peine surélevé par rapport à la salle, que se produiront les stars de la soirée : Improspectus, une troupe d’impro amateur. Quatre improvisateurs, un arbitre, deux régisseurs, tout le monde est là, c’est parti pour deux heures de spectacle et de rires.

Des improvisations variées

Après avoir testé la réactivité du public (« quand je dis bonne année vous me répondez… ? » « Bonne santé ! »), l’arbitre s’assure que chacun a proposé un thème qui sera susceptible d’être joué dans la soirée. Le principe est simple. Avant chaque saynète, le maître du jeu tire un sujet imaginé par l’un des spectateurs et les quatre comédiens doivent improviser dessus. A certains moment, des contraintes leur sont distribuées, telles que des styles théâtraux (vaudeville), littéraires (conte de fée, roman d’aventure), des accents, des personnages ou des actions (faire une bise avant chaque réplique). Ces obligations ne sont pas toujours un handicap, selon Cyril Montvillof, directeur de la troupe et comédien pour la soirée : « En réalité, ça nous donne des cadres, c’est une aide, contrairement à ce que peut croire le public. On a plus de facilité à faire avancer le récit, à lui donner un début, une fin et une trame forte. » Le reste du temps, les improvisateurs sont libres et sont seulement sommés de respecter un temps de jeu, entre deux et cinq minutes, généralement. Elodie, Julien, Tic et Cyril, n’ont que quelques secondes pour regrouper leurs idées avant que le public ne scande « 5, 4, 3, 2, Impro ! » et n’exige leur entrée sur scène. Là, ils n’ont qu’un seul mot d’ordre : « On veut juste que les gens s’amusent ! »

« En général, on rigole beaucoup »

Dans le public, Chloé, au deuxième rang est une habituée : « ça fait trois ans que j’habite à Montpellier, je viens les voir assez régulièrement. On sait jamais comment ça va se passer mais en général, on rigole beaucoup. » Elle continue : « Les thèmes de ce soir sont pas tous extras, genre  » Rock n’Roll et teddybear « , c’est pas vraiment facile d’en retirer une situation comique. Et puis l’arbitre est pas toujours assez sévère si les thèmes ne sont pas respectés. » Malgré ces quelques reproches, la jeune femme est conquise : « On passe toujours un bon moment quand-même ! » A côté d’elle, la cinquantaine de spectateurs présente semble acquiescer : des éclats de rires accompagnent les quatre comédiens, transformés pour l’occasion en girafe, pingouin, conducteur de radeau et vahiné. Les sujets s’enchaînent, certains sont plus réussis que d’autres. Tandis que le sujet « Ma chaussette sent la banane » ne tire que quelques sourires, « j’ai faim » en vaudeville provoque l’hilarité des spectateurs.

Au final, c’est sous des applaudissements fournis qu’Improspectus tirera sa révérence, sur les coups des 23 heures.

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à propos de l'auteur

Auteur : Pauline Chabanis

En 1988, alors qu’Etienne Chatiliez racontait sur grand écran l’histoire trépidante des familles Groseille et Le Quesnoy, je vivais les premières minutes d’une vie qui n’aurait rien d’un long fleuve tranquille. En réalité, de Lyon à Montpellier, en passant par Cannes, j’ai plutôt ricoché. D’un naturel pragmatique et rigoureux, je me tournai très vite vers une filière scientifique, jonglant avec les chiffres, jouant avec les équations. J’étais le Fred de la fonction affine, le Jamy de la masse molaire et je n’y trouvais vraiment rien de sorcier. Puis je me suis rendue compte que les expériences les plus enrichissantes ne se faisaient pas dans des laboratoires mais à travers des rencontres et un partage d’informations. Je n’ai pas eu d’appel, de vocation ; le journalisme ne s’est pas imposé comme une évidence mais comme une alternative envisageable. Une voie possible que j’ai empruntée, d’abord à tâtons en intégrant l’IUT journalisme de Cannes, puis d’un pas décidé lorsque j’ai réalisé, à travers des stages variés, que ce milieu me convenait. Curieuse et déterminée, je ne m’imagine pas en Indiana Jones de l’information, casse-cou et engagée mais en ouvrière discrète de la société. Je ne veux pas de fabuleux destin télévisé, juste une toute petite place en presse spécialisée… sans en faire tout un cinéma.