Bernard Madoff, l’escroc du siècle

Par le 19 janvier 2009

Le scandale a éclaté le 10 décembre 2008. Ce jour-là, Bernard Madoff, l’ancien PDG de la Nasdaq –la petite sœur de la bourse de Wall Street- annonce aux employés de sa société d’investissements que celle-ci est ruinée. Le lendemain, le FBI et le parquet de New York officialisent l’arrestation du financier américain, accusé d’une fraude d’un montant de 50 milliards de dollars.

C’est Bernard Madoff lui-même qui s’est rendu aux autorités. Il aurait réussi une exceptionnelle « fraude pyramidale » avec une méthode inspirée de la pyramide de Ponzi. Pour attirer les plus grosses fortunes du monde et les banques, il faisait miroiter des profits alléchants, entre 8 et 12% par an. Pour verser de tels intérêts, même quand la Bourse était en baisse, il utilisait un incroyable stratagème : il remboursait ses anciens clients avec les fonds apportés par les nouveaux. Une arnaque spectaculaire qui aura duré plus de trente ans, jusqu’en décembre dernier. Au moment fort de la crise, un nombre important de ses clients souhaite retirer leurs investissements. La tricherie prend alors fin. Dans le contexte économique actuel, Madoff n’aurait pas eu les entrées de capitaux suffisants. Mais comment a-t-il pu poursuivre une telle escroquerie sans jamais être inquiété et ce pendant des décennies ?

Madoff ou une success story à la sauce hollywoodienne

Madoff est un « self-made man » comme l’Amérique en raffole. Son destin s’ancre dans le mythe des success story à la sauce hollywoodienne, celui du petit gars de la banlieue de New York qui, en trente ans, est passé de maître-nageur sur les plages de Long Island à la tête du Nasdaq. En 1960, il fonde sa société d’investissement, Bernard Madoff Investment Securities LLC. Parmi ses clients se trouvent des firmes de courtage, des banques, des fonds spéculatifs ou bien encore des particuliers. Avoir cru avant tout le monde à l’informatisation des transactions boursières fait de lui un innovateur majeur dans le monde de la finance. Résultat de son succès, il est nommé président du Nasdaq au début des années 1990. Le financier américain jouit d’une réputation prestigieuse. Il est admiré tant par ses clients que par le monde de la finance et les discours qu’il tient attire la confiance de tous. En 2007, Bernard Madoff intervient à la fondation new yorkaise Philotetes pour une conférence sur la finance. Devant son public et la caméra, Madoff n’hésite pas à affirmer en toute décontraction qu’«avec le contexte légal qui est en vigueur aujourd’hui, c’est quasiment impossible de violer les règles (…) c’est impossible d’enfreindre la loi sans être repéré et encore moins si votre infraction dure longtemps». Alors comment a-t-il pu échapper à huit enquêtes de la SEC (Securities and Exchange Commission) ces 16 dernières années ?

Des victimes dans le monde entier

Pour le moment, Madoff jouit toujours de la clémence de la Cour fédérale de New York qui a rejeté en début de semaine une nouvelle demande d’incarcération du parquet. Le financier américain est assigné à résidence, porte un bracelet électronique et ne sort de chez lui que pour se rendre au tribunal. Jeudi 15 janvier, la première plainte contre X pour escroquerie et abus de confiance a été déposée en France par une épargnante qui avait placé 540 000€ dans le fond Luxalpha (fonds Madoff). Le cabinet d’avocats Lartigues-Tournois et Associés a assigné trois banques françaises dont BNP Paribas. Le tribunal de Luxembourg a condamné en référé la banque UBS à rembourser 30 millions d’euros à Oddo Asset Management. Oddo avait quatre fonds investis à hauteur de 2 à 5% dans Luxalpha et a vendu ses parts d’un montant de 30 millions d’euros le 4 novembre dernier. L’argent n’ayant pas été crédité, Oddo a porté plainte et obtenu gain de cause. Ce jugement reste un cas particulier dans la mesure où la vente a été enregistrée avant que l’affaire éclate. Ce qui n’est pas le cas pour les autres porteurs de parts de fonds de Madoff. Un député luxembourgeois a estimé que «les engagements des fonds d’investissement luxembourgeois dans l’affaire Madoff représentaient entre cinq et sept milliards d’euros». De nombreuses personnalités ont perdu une partie de leurs capitaux dans cette affaire, telles que Steven Spielberg ou bien encore Elie Wiesel. Liliane Bettancourt, l’actionnaire majoritaire de l’Oréal aurait, selon LeFigaro.fr, confié une partie de sa fortune au fond d’investissement Access International Advisors. Juste avant Noël, le français Thierry Magon de la Villehuchet, cofondateur d’Access International Advisors, s’est suicidé. Sa société était exposée à hauteur de 1,5 milliards de dollars d’actifs dans le scandale Madoff. Des dizaines de milliers de personnes dans le monde auraient été victimes de la machinerie du financier américain. Bernard Madoff est âgé de 70 ans, il risque jusqu’à 20 ans de prison et une amende de cinq millions de dollars.

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à propos de l'auteur

Auteur : Julia Razil

Vouloir être un acteur de la société, à 20 ans, à l’âge où l’on a la conviction de pouvoir changer les choses n’a rien de surprenant. Vouloir être journaliste est une certitude. Le devenir est un défi. Diplômée d’une licence d’histoire, d’une licence et d’un master I en science politique, ce master professionnel spécialisé en journalisme concrétise mon parcours universitaire. Cependant, la meilleure école n’est-elle pas celle du terrain ? Correspondante depuis trois ans pour le quotidien régional La Provence, j’ai pu récemment découvrir le monde de la télévision en réalisant un stage au sein du service politique et économique de la rédaction de France 2. Hautcourant.com se présente comme une nouvelle opportunité, celle de découvrir le journalisme et d’informer sur la toile.