La science et le citoyen

Par le 22 octobre 2013
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Comme tous les ans depuis 1991, la fête de la Science se déroule du 9 au 12 octobre 2013 dans toute la France. Créée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, cette manifestation reste fidèle à sa mission première : rapprocher la science du citoyen.Cette année, à Montpellier, un village scientifique constitué d’ateliers et de conférences grand public, était accueilli dans le nouveau bâtiment doré de Génopolys.

Génopolys : un espace dédié à la transmission du savoir

Situé à deux pas de l’arrêt de tram Occitanie, ce nouvel édifice attire l’œil : sa façade arrondie ajourée en laiton et cuivre inoxydables qui rappelle les dessins des bandes d’ADN, brille au soleil. « Génopolys a pour vocation de mettre en relation la société civile, les chercheurs et les industries dans le domaine de la santé autour des questions liées aux découvertes de la génétique, c’est un nouveau concept » explique Géraldine Pawla. Avec Magali Kitzmann, elles sont deux chercheuses en biologie moléculaire reconverties dans la culture scientifique et la gestion des activités du nouveau bâtiment ouvert pour la première fois au public.

deux-enfants_bmartin.jpgSamedi après-midi, dans le hall d’entrée, des enfants autour de petites tables colorient d’étranges formes : « Les bactéries c’est un peu dégoutant de les voir bouger » marmonne une fillette concentrée sur son dessin. Au premier étage des gens s’attroupent autour de pièges à moustiques, au deuxième étage un spectacle de clowns chimistes qui font de surprenants mélanges font rire un public familial.
« J’ai vu des larves d’insectes vivantes » crie Eliott, un garçon de 4 ans qui arrive en courant.
« Nous venons avec nos enfants pour les sensibiliser à la science d’une manière ludique, comme voir que le clown peut faire de la glace avec de l’azote liquide et de l’orangina … » ajoute Eric Julien, un papa chercheur en biologie qui les accompagne. Des chercheurs sont là pour répondre aux questions : « Pourquoi utilise-t-on seulement 20 % de notre capacité cérébrale ? » demande Mathis (13 ans).

Au centre de la fête, la rencontre entre scientifiques et visiteurs

Dans l’atelier de l’association Difed, Géraldine Cuilleret et Diane Delmas, proposent de calculer son empreinte écologique en remplissant un questionnaire sur les habitudes de vie : plutôt vélo ou voiture, plats surgelés aux légumes du marché ? Le score représente l’ensemble des surfaces de la planète nécessaires pour satisfaire les modes de consommation et l’élimination des déchets. «Un français a besoin de 5 hectare en moyenne, ce qui est moitié moins qu’un américain mais 2 fois plus qu’un indien » expliquent les animatrices.
« Les enfants savent beaucoup de choses sur les insectes et sont très intéressés par nos recherches » insiste Jenny Telleria, ingénieur à l’IRD et animatrice d’un atelier sur la maladie de Chagas transmise par les insectes de la famille des Reduviidae, épinglés dans des boites. A coté, des moustiques vivants, prisonniers dans des cubes transparents, attirent les visiteurs. Ce sont les vecteurs du paludisme dans les zones tropicales et du chikungunya en France depuis peu. « On a appris qu’il n’y avait pas de médicament pour soigner le paludisme, qu’il y avait beaucoup de morts à cause de cette maladie » s’alarment Jeanne Gastaldo et Claire Poussine, originaires du Cameroun, « mais quand on dit à nos familles d’utiliser des moustiquaires ils ne le font pas, ils ne croient pas que la maladie vienne des moustiques, ils ne font pas assez de prévention ».

Apprendre autrement

Chercheurs, animateurs, parents, tous sont d’accord : informer, partager le savoir est essentiel pour susciter des passions et comprendre les enjeux de la société à venir. « Les écoles devraient plus faire le lien avec ce genre d’évènement. C’est aux professeurs d’amener les enfants dans les lieux de la science, pas nous, les parents ; l’école n’est pas assez connectée avec le monde extérieur », ajoute Mme Fleury qui arrive de Sète avec ses fils.
La veille, 21 classes étaient pourtant venues suivre les démonstrations scientifiques. Dans la Région ce sont 5000 élèves qui ont participé à la fête de la fête de la Science cette année, soit seulement 1% de l’ensemble des élèves du Languedoc Roussillon qui compte 443000 enfants scolarisés en 2013 (INSEE).
Il faut dire que cet évènement repose essentiellement sur du bénévolat car seule une subvention de 30000 euros est allouée pour l’ensemble des manifestations pour la région Languedoc-Roussillon par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Quel avenir pour la fête de la Science?

Depuis quelques années le fond dédié à la culture scientifique a suivi la même évolution que la calotte glacière : il a fondu. Les laboratoires de recherche font de leur mieux pour offrir ce qu’ils peuvent à un public de plus en plus curieux et demandeur de connaissances. « Avec un petit budget on a fait des miracles » remarque Paula Dias (Agropolis) qui a coordonné l’évènement avec un bel enthousiasme.
Les pouvoirs publics sauront-ils encourager l’énergie et la fidélité de toutes les personnes engagées dans la transmission de la culture scientifique ? La réaction enthousiaste de M. Pierre de Bousquet, Préfet de la Région, vendredi après-midi lors de sa visite à Génopolys, est un bon présage. Un évènement à suivre…

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à propos de l'auteur

Auteur : Bénédicte Martin

Opératrice de prise de vues de formation j’ai travaillé pour la télévision et le cinéma documentaire de 1995 à 2005 en France et en Inde. Interéssée par le dialogue interculturel et la transformation des conflits, j’ai travaillé en Afrique du Sud de 2006 à 2007. A partir de 2008 je me suis formée à la création de sites Internet avec le CMS Joomla et occupé pendant 5 ans un poste de chargée de valorisation de l’Ecologie scientifique dans un laboratoire de recherche CNRS à Montpellier (CEFE). Je poursuis des études de journalisme pour travailler dans la presse web. Je souhaite contribuer à une meilleure connaissance du monde de la Recherche pour éclairer les questions sociales et environnementales liées à la crise écologique. Que ce soit en Europe ou en Asie, j’ai à cœur de mettre mes compétences aux services de projets citoyens oeuvrant pour une meilleur démocratie participative.