Gameboy, 20 ans piles

Par le 22 avril 2009

La console portable de Nintendo soufflait hier ses vingt bougies. Lancé en 1989, le premier modèle de la Gameboy sera produit jusqu’en 1998. Souvenirs, souvenirs.

Aujourd’hui c’est à peine si elle pourrait se faufiler dans une poche de pantalon slim. Formes massives, couleurs délavées, le pavé grisâtre qu’on matraquait jadis dans les cours de récré a fait son temps. Console obsolète devenue objet de collection, relique des premiers âges du jeu vidéo en extérieur, la portable de Nintendo fête aujourd’hui ses vingt ans. L’occasion de revenir sur un parcours redoutable d’intelligence et sur celle qui sauva plus d’une fois la mise à son constructeur.

Vingt ans jour pour jour. Le 21 Avril 1989, la Gameboy, ses quatre boutons (A,B, Select et Pause), son processeur 8-Bit et son écran LCD noir et blanc débarquaient sur les côtes nippones. Pour 12~500 yen (73 euros), les consommateurs japonais pouvaient mettre la main sur la console la plus vendue de tous les temps (118, 69 millions de la première Gameboy à la Gameboy Advance ; un score que la DS ne devrait pas tarder à égaler puis dépasser puisque aujourd’hui proche des 100 millions d’exemplaires vendus). Le «line-up» se limite à l’époque à quatre jeux. L’incontournable plombier moustachu Super Mario Land est parmi eux, suivi de très près par la sortie de Tétris, le premier succès sur Gameboy (avant Pokémon en 1996). Trois mois plus tard, c’est aux Etats Unis d’essuyer à leur tour la tempête Gameboy. Le succès ne se dément pas. Éternelle cinquième roue du carrosse, le vieux Continent et la France attendent Novembre 1990 pour connaître les joies de la cartouche en plein air. En chaise longue, dans le bus ou dans le métro, voire devant la télé, c’est selon.

Wii et Gameboy, malgré presque deux décennies d’écart, l’idée de base est la même : une console «low cost» techniquement inférieure à la concurrence (l’Atari Lynx, la TurboExpress et la Gamegear de Sega) mise au service d’un concept. Un choix payant. Pour la Wii ce sera le «Casual Gaming» et le détecteur de mouvement (qui n’est en fait qu’un accéléromètre). La Gameboy joue, elle, la carte de l’économie, technique et électrique. En 1989, le concepteur Gunpei Yokoi et Nintendo Research and Development 1, la plus ancienne équipe de geeks de Nintendo, n’en sont pas à leur coup d’essai. On leur doit une pléthore de jeux électroniques de poches appelés plus communément Game&Watch et des cartouches Nes aussi connues que Metroid ou Kid Icarus.

Les créateurs de la Gameboy développent une console hybride, qui reprend l’autonomie des Game&Watch et la ludothèque Nintendo. De son côté, Sega prépare le terrain pour sa console portable aux mensurations King Size, la Gamegear. Lancé dès 1991 dans une campagne publicitaire de dénigrement, la firme au hérisson bleu mise sur l’écran couleur et les capacités techniques de sa console pour faire la différence, et oublie le plus important. Malgré ses 6 piles R6, le temps de jeu sur Gamegear ne dépasse pas trois heures quand, avec deux alcalines de moins derrière son clapet, la Gameboy fait beaucoup mieux. Moins chère à l’achat et à l’utilisation, la firme de Kyoto tient la recette du succès Gameboy.

Le Gameboy, c’est aussi une ludothèque de poids : 646 jeux. Les franchises les plus connues de Nintendo et de sa console de salon éponyme ont toutes un jour ou l’autre connu les joies de l’adaptation ou du portage. Mario à la sortie de la console, Metroid 2 : Return of Samus en 1991, et les quatre millions d’exemplaires vendus de Link’s Awakening deux ans plus tard sont les exemples les plus connus de licence à succès. Des mascottes made in Nintendo qui font encore la renommée de la marque aujourd’hui. Et son infortune, dans le cas de la Nintendo 64 et de la Gamecube, qui n’ont pas reçu le soutien des éditeurs tiers en leur temps. L’échec de la N64 aurait pu être fatal à la firme du plombier, s’il n’avait été un certain Pokémon. Depuis 1996, et la sortie du premier Pocket Monsters (abrégé Pokémon) écoulé à quelques dix millions d’exemplaires au japon, ce sont plus de 186 millions de jeux de dressage qui sont vendus, tous supports confondus.

Multi-transformiste, la console portable de Nintendo s’adapte au marché, le plus souvent avec avec succès. A l’exception de la Gameboy Micro qui ne trouvera que 2 millions de preneurs, les versions Pocket, Light, Color, Advance, et SP de la Gameboy lui permettent de traverser le temps et les modes sans sourciller. Et l’on ne compte pas les variantes de couleurs, les éditions transparentes ou colorées de la console de poche. A chaque changement esthétique ou technique, même mineur, le consommateur («le mouton» ou «fanboy Nintendo» diront certains) est au rendez-vous. Les ventes aussi.

Enfin, la Gameboy est une source d’inspiration considérable. Recyclée en électrocardiographe en platine, ou en écran à l’utilité encore à prouver pour Wii, la console inspire des générations de joueurs et «d’artistes».

Mais tout ça, c’était avant la DS. La console aux deux écrans tourne la page et relègue l’ancêtre 8-bits aux oubliettes. Avec sa dernière édition, la Dsi, Nintendo met ainsi fin à la rétrocompatibilité avec les jeux Gameboy. A 20 ans, la console a bien vécu. Nintendo a estimé qu’il était temps qu’elle tire sa révérence. La Gameboy est morte, vive la Gameboy.

Quelques vidéos pour terminer :

Gameboy Gamegirl, un groupe dont la boîte à rythme et la morphologie épicurienne du chanteur peuvent rappeler celles des français TTC :

Correctement programmée et détournée, la Gameboy devient un instrument de musique à part entière :

La Gameboy en objet d’art graphique :

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à propos de l'auteur

Auteur : Romain Gouloumes

Faire dans l’originalité, laisser libre cours à sa plume, ne pas suivre les pas d’un autre, une tâche plus difficile qu’il n’y paraît. Dans une impossible mini-biographie de quelques lignes, d’abord, davantage encore dans l’impitoyable jungle du journalisme qui compte une petite quarantaine de milliers de collègues pour autant de concurrents. Dans ce contexte de guerre totale, hautcourant.com est un peu la première bataille de la bleusaille, une tranchée médiatique de la première chance où l’actu mondiale côtoie le quotidien montpelliérain. Quant à moi, le signataire parmi d’autres, je ne vous en dirai pas plus. Mon devenir ou mes aspirations, tout reste encore à définir, à peaufiner à grands renforts de panzer psychologique. Affaire à suivre donc, la plume au poing et du vitriol plein la tête.