L’intégration par le combat

Par le 6 mai 2008

Alors que les championnats d’Europe, à Tallinn, viennent de s’achever, le karaté souffre de ne pas être discipline olympique mais reste un puissant vecteur d’intégration.

« Le karaté peut être un moyen de réhabilitation sociale et un formidable outil éducatif », avance la fédération française. Du petit club en ZUS (Zones urbaines sensibles) au plus haut niveau de compétition, les valeurs véhiculées par cet art martial restent prégnantes.
Une école de la vie, un sport formateur par excellence, sur comme en dehors des tatamis. Consciente de cet aspect social important, la fédération française travaille en étroite collaboration avec les pouvoirs publics et tente d’insérer dans les « quartiers » de véritables structures d’accompagnement des jeunes. Elle développe « quatre axes d’intervention » : accessibilité du karaté à tous; éducation à la citoyenneté; respect des règles de vie et aide à l’insertion professionnelle.

La fédération multiplie les actions en faveur des populations qui connaissent des difficultés

Dans cette optique, la « fédération multiplie les actions en faveur des populations qui connaissent des difficultés sociales, économiques, scolaires ou sanitaires ». Avec une certaine réussite. Le tiers des équipes de France est issu du club de Sarcelles, banlieue dite « sensible » de la région parisienne. Preuve du bien-fondé de cette politique.
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« Les valeurs du karaté apportent beaucoup au quotidien. Ça nous apprend la concentration, la maîtrise et le contrôle de soi », confie Nadir Benaïssa, 22 ans, athlète gardois du pôle France de Montpellier, en lice aux championnats d’Europe par équipe. Ce jeune éducateur d’un foyer nîmois vante les mérites de sa discipline. « Je fais des initiations. Cela plaît et donne des perspectives aux jeunes », explique-t-il, fier de l’impact que peut avoir le karaté sur une jeunesse parfois désorientée.
Nadège Aït Ibrahim, pensionnaire du pôle France, elle aussi sélectionnée pour les championnats d’Europe, est le fruit de ces liens entre karaté et zones sensibles. « C’est une bonne initiative de s’impliquer dans les ZUS. Mon père est professeur de karaté et a pris de nombreux jeunes de banlieue sous son aile. Les clubs recrutent dans « les quartiers » pour accompagner, structurer et aider les jeunes à s’exprimer grâce aux valeurs des arts martiaux. Beaucoup de gens de « banlieue » ont réussi dans ces sports. Cela empêche parfois de faire des bêtises. »

«La compétition apporte beaucoup au niveau du respect des adversaires, des règles, des arbitres et de la hiérarchie en général»

Pour ces deux jeunes athlètes, le côté sportif prend indéniablement le pas sur l’aspect « combat ». « La compétition apporte beaucoup au niveau du respect des adversaires, des règles, des arbitres et de la hiérarchie en général », résume Nadir, arrivé au karaté « un peu par hasard ».

Le pôle France du CREPS de Montpellier poursuit cette logique d’encadrement et de structure dans son recrutement. « Le but du pôle est de pouvoir associer études et sport. Avoir un bon dossier scolaire reste le premier des critères », précise Louis Lacoste, ancien champion, entraîneur et coordinateur du Pôle France.

Oubliés les lieux communs, les cassages de briques, le karaté est avant tout « une intégration des règles essentielles à la vie en communauté ».

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