Les provocations de Georges Frêche : retour sur des dérives pas très catholiques

Par le 29 octobre 2010

La mort d’un homme politique français s’accompagne traditionnellement d’hommages et de salutations à la mémoire du défunt, au-delà des divergences et des désaccords qu’il y ait pu avoir entre ce dernier et ses adversaires durant sa vie. Sauf dans le cas de Georges Frêche, qui aura finalement suscité la controverse jusqu’à sa mort. Si le PS salue la mémoire d’un visionnaire, le NPA, le MRAP ou encore Daniel Cohn-Bendit refusent de s’associer à l’hommage. Et pour cause, ils rappellent les dérapages constants qui ont marqué les mandats de l’élu héraultais.

Accusé à la fois de racisme, d’antisémitisme, de négrophobie et d’islamophobie, voici un florilège des dérives d’un grand provocateur.

Le 30 juin 2000, lors de l’inauguration du tramway, il déclare au sujet d’une femme voilée qui se trouve à proximité : «Ne vous inquiétez pas pour la dame, elle n’a que les oreillons et on lui tient les oreilles au chaud», avant d’ajouter « Ici, c’est le tunnel le plus long du monde: vous entrez en France et vous ressortez à Ouarzazate », faisant référence au quartier où s’arrête le tramway dans lequel réside une forte communauté maghrébine.

En 2002, suite à sa défaite aux élections législatives, il accuse la droite d’avoir été «soutenue par les islamistes et les femmes voilées d’Al Qaeda», puis s’exprimant au sujet des musulmans : « Ils ne vont pas vouloir maintenant nous imposer leur religion ! Ceux qui ne veulent pas respecter nos valeurs, qu’ils rentrent chez eux ! ».

Mais les musulmans ne seront pas les seuls à subir ses foudres, en effet, suite à la nomination de Benoit XVI, il déclare : « J’espère qu’il sera meilleur que l’autre abruti. Celui-là, on le jugera sur le mariage des prêtres et sur la capote ».

En 2005, durant les émeutes de banlieues, il s’interroge sur l’identité des émeutiers : « Je ne suis pas sûr que, dans les villes parisiennes où ils ont incendié des voitures, que ce soient des musulmans qui le font ; ça serait des flics déguisés en musulmans…, que ça ne m’étonnerait pas ».

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En 2006, il suscite la colère des associations pro palestiniennes en comparant Montpellier à « un poste avancé de Tsahal », en référence à de nombreux artistes israéliens présents au festival Montpellier Danse.
L’année suivante, lors de la journée de Jérusalem le 24 juin, s’exprimant devant le centre communautaire juif, il demande au ministre des affaires Bernard Kouchner de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, alors que cette désignation n’est reconnue par aucun membre de la communauté internationale, puis il soutient la construction du mur en Cisjordanie et se prononce contre le retour des réfugiés palestiniens.

« Vous êtes des sous hommes »

Un an plus tôt, c’était au tour de harkis de subir ses invectives. Pris à parti lors d’une commémoration par quelques harkis qui revenaient d’une manifestation de l’UMP , il les qualifia de « sous hommes » : « Vous êtes allés avec les gaullistes (…). Ils ont massacré les vôtres en Algérie et, encore, vous allez leur lécher les bottes! (…) Vous êtes des sous-hommes, vous n’avez aucun honneur ! »

La même année, en novembre 2005, ce sont ses déclarations au conseil d’agglomération sur la présence trop nombreuses de noirs en équipe de France qui font polémique, estimant que « la normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre »

Même son ancien parti n’échappe pas à ses dérapages publics. Le 22 décembre 2009 il juge que « Fabius a une tronche pas très catholique » et que « voter pour lui me poserait problème ».
Au sujet du PS, il estime que « La démocratie c’est le peuple, pas vous et vos amis de la gauche caviar parisienne… Le PS s’intéresse aux bobos et aux SDF ».

Ses positons sur la politique étrangère furent également empreintes de provocations extrêmes.

Ainsi, sur la question tibétaine il déclare sans ambage que « c’est le Tibet qui a envahi la Chine ».

Enfin, en septembre 2009, s’exprimant sur la colonisation, il affirme « Qui c’est qui a fait l’Algérie ? C’est nous (…) On les a soignés, on les a formés, on les a éduqués. Puis on leur a donné l’indépendance (…) D’abord les Algériens c’est des militaires qui prennent de l’argent du pétrole qu’on leur a fourni à Tamanrasset et qui le foutent dans des banques suisses. La plupart sont analphabètes et n’ont jamais lu le Coran ».

Rien que ça. Pas mal pour un homme qui n’hésitait pas à égratigner jusque ses électeurs qui lui ont pourtant permis de faire carrière, car il avait estimé lui-même lors d’un cours devant ses étudianst en droit, être « élu par une majorité de cons ».

Décidément rien ne lui échappait, pas même les siens.

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à propos de l'auteur

Auteur : Farid Omeir

Etudiant en science politique mention relations internationales et titulaire d'un master 2 en Intelligence économique, j'ai rapidement compris l'importance de l'information aussi bien pour comprendre le monde qui nous entoure que pour la compétitivité et la performance économique des entreprises françaises. Passionné par le Moyen-Orient et l'actualité, je me suis naturellement tourné vers le Master 2 journalisme afin de satisfaire aussi bien mon envie de découvrir de nouveaux environnements que de couvrir l'actualité. (faridomeir@yahoo.fr)