Les réfugiés syriens doivent faire face aux difficultés.

Par le 17 décembre 2012

Révolution devenue guerre civile, la crise syrienne n’en finit pas de s’enliser dans la violence. Les populations, premières victimes des bombardements sans fin du régime de Bashar el-Assad, n’ont plus d’autre choix que de fuir. En Turquie, dans la région frontalière de Hatay, les réfugiés doivent faire face à de nombreuses difficultés.

« Quand les avions sont arrivés, nous avons décidé de partir. ». Fatima fait partie de ces dizaines de milliers de réfugiés syriens installés dans la région turque de Hatay. Ces derniers mois, leur nombre n’a cessé d’augmenter. Alors que le régime de Bashar el-Assad mène une opération de grande envergure dans les régions d’Alep et d’Idlib, les bombardements quotidiens font fuir tous ceux qui avaient, jusqu’à là, résisté aux violentes attaques de l’armée régulière et des milices pro-Assad.

« Il y a trois mois, un avion a bombardé notre village, nous sommes partis en voiture dans une autre ville. Nous sommes restés dans une école pendant dix jours, puis deux avions ont frappé. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester. Nous avons traversé les montagnes jusqu’en Turquie. », raconte Abou Abdu, le mari de Fatima, originaire du gouvernorat d’Idlib. Avec sa femme et ses sept enfants, ce chauffeur de 48 ans vit désormais dans le petit village de Kavalcık à deux kilomètres de la frontière. La cohabitation avec leurs voisins turcs est pacifique : « Ils nous ont bien accueillis. », assure la mère de famille, avec sa petite dernière de un an et demi dans les bras. Pourtant, la situation est loin d’être simple pour Abu Abdu, qui retourne régulièrement en Syrie travailler et gagner de quoi entretenir sa famille. « Le loyer de cette maison, avant que les Syriens n’arrivent, était de 50 dollars et moi je dois payer 300 dollars ! Au lieu de m’aider, le propriétaire préfère profiter de ma situation. », explique-t-il. « Ils sont où les 100 millions de dollars d’aide ? Dites aux responsables qu’ils nous envoient de l’aide. En Turquie, ils sont pauvres, comment est-ce qu’ils pourraient nous aider ? ».

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Les enfants d’Abou Abdu et Fatima ne vont plus à l’école et attendent de rentrer en Syrie.

Une situation précaire dans les camps.

Très peu de réfugiés peuvent se permettre de louer une maison dans ce pays d’accueil. Dans les nombreux camps mis en place le long de la frontière turque, les réfugiés trouvent un abris, de la nourriture et des soins médicaux mais les conditions sont plus que sommaires. « Nous, nous sommes des hommes, nous pouvons supporter. Mais les enfants et les femmes enceintes ? », questionne Mohamed. Ce combattant de l’Armée Syrienne Libre, arrivé il y a un mois et demi à Hatay, déplore les conditions de vie auxquelles sont confrontés les réfugiés.

A Boşin, ils sont 5 000 hommes, femmes et enfants à s’entasser sous les centaines de tentes du Croissant rouge. Bâches blanches et barbelés encerclent ce campement de fortune, où la circulation se fait difficilement, sous l’œil attentif des soldats turcs. « Si on veut ramener un blessé de Syrie ici, en Turquie, il faut que les gendarmes vérifient les blessures à la frontière. Le temps de faire ça, l’homme n’a plus de sang et il meurt avant d’arriver à l’hôpital. », explique Mohamed. « Nous demandons aux Nations-unies et à la Ligue arabe qu’ils bougent. ».

Malgré les mauvaises conditions, les réfugiés retrouvent un peu de sécurité. Pourtant, le bruit de la guerre n’est jamais loin. A quelques kilomètres seulement, les avions pilonnent les villes syriennes de Salqin et Bab el-Hawa. Au bruit des avions, les enfants de Abu Abdu et Fatima courent à la porte voir ce qu’il se passe. Histoire d’être sûrs que, cette fois, les bombes ne s’abattent pas sur eux.

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à propos de l'auteur

Auteur : Camille Martin

Le printemps arabe et ses révolutions ont été un véritable déclic, le journalisme est alors devenu une évidence. Après une licence d'histoire à l'université de Rennes, j'ai vécu deux ans au Caire pour apprendre l'arabe égyptien et surtout découvrir un nouveau monde. Pendant mon master de recherche Histoire des Relations internationales, je me suis spécialisée dans la géopolitique du Moyen-orient. Mon mémoire pose les bases de la révolution égyptienne du 25 janvier 2011, un évènement auquel j'ai assisté de près. Mon stage au service politique/international à Ouest-France m'a permis de découvrir les dessous du plus important quotidien français, les bons côtés commes les mauvais et de me conforter dans mon désir de travailler en freelance, du moins au départ. Aujourd'hui, je souhaite associer reportages et enquêtes journalistiques pour effectuer un travail d'analyse sur une région en pleine mutation, aussi bien politique que sociétale.