On ne sait pas où va l’argent, mais on sait où il ne va pas !

Par le 28 novembre 2011

Ce mardi une anomalie a mis hors service le circuit électrique du bâtiment de la Poste de La Paillade à Montpellier de 16h à la fermeture, à 18h. Les clients et usagers ont été obligés de reporter leurs requêtes financières ou postales, parfois urgentes. Tout un symbole pour le deuxième employeur de France, qui s’apprête à ouvrir son capital aux investisseurs privés.

La Poste est en effet, après l’Education Nationale, le deuxième employeur de France, avec environ 270 000 salariés. Celle-ci réduit drastiquement ses effectifs, puisque au moins 4000 emplois par an ont été supprimés en France depuis 2004, avec une pointe à 11 700 en 2010, contribuant concrètement au renforcement du chômage de masse.

PDG depuis 2002, Jean-Claude Bailly propose d’abandonner aux mairies les bureaux de postes non rentables, pour la plupart en zone rurale. Celui-ci oublie que c’est justement son maillage géographique extraordinaire qui fait la force de La Poste, et que, à l’heure de l’ouverture du marché du courrier à la concurrence, la confiance de ses usagers passe par là.

Les missions de service public de La Poste sont le service universel du courrier, l’accessibilité bancaire, l’accessibilité territoriale et la distribution de la presse. La primauté de la rentabilité, en l’occurrence déjà acquise (550 millions de bénéfices net en 2010), a de quoi inquiéter quant au futur de ce qui est encore considéré comme « le meilleur service postal au monde ».

Face aux suppressions de postes, à la précarisation du travail et au mal-être généré par les techniques de management par la pression (comparables à celles de France Télécom), de nombreux mouvements grèves sont en cours dans des centres de tri en Aveyron, dans l’Aude, en Essonne ou dans le Finistère. Les grèves ne se limitent pas aux postiers, ce sont aussi les conseillers financiers de Côte d’Armor qui protestent contre la pression exercée vis-à-vis d’objectifs mirobolants ainsi que d’heures supplémentaires non payées.

Au bureau de poste de La Paillade, un mouvement de grève avait éclaté l’année dernière pour protester contre la réduction de l’amplitude horaire d’ouverture, politique qui touche en général les bureaux de zones rurales. On constate qu’un bureau de Poste de Montpellier éloigné du centre-ville souffre des mêmes problèmes que si celui-ci était en rase campagne. Ce fait divers local résonne comme le symbole d’un niveau de considération largement inégal entre les bureaux de poste « rentables » et les autres.

Peut-on imaginer une telle panne dans un bureau de centre-ville ? L’hypothèse est peu crédible. La Poste, qui vient de percer dans la téléphonie mobile avec déjà plus de 500 000 clients, se diversifie, au risque peut-être d’oublier quelles sont les missions pour lesquelles elle est appréciée de ses usagers. Les dérives de La Banque Postale sont déjà promptes à faire oublier que le service bancaire y était différent, coupé de la finance et des objectifs de maximisation du capital à court terme.

La Poste n’étant pas déficitaire, et ayant déjà passé le cap technologique du passage au numérique, on peine à comprendre comment l’entretien d’un de ses bâtiments peut-il laisser à désirer…La Direction de l’Hérault, contactée, n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.

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à propos de l'auteur

Auteur : Mitia Rames-Aptekier

Formé en Sciences Politiques, Mitia a eu des expériences professionnelles diverses avant de se tourner vers le journalisme d'investigation et les enquêtes qualitatives. Il est passionné d’histoire, d'économie, de politiques publiques, de stratégies de communication, de cinéma, de poésie, de philosophie, de langues, d'écriture, et pratique la musique. Il a par ailleurs gardé d'excellentes relations avec les administrateurs de Haut Courant après son Master en Métiers du Journalisme.