Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

Par le 15 mars 2010

Le 17 rue Ledru-Rollin s’est peint de vert hier soir : des affichettes de Jean-Louis Roumégas, des vélos en tant que symbole d’un monde écolo, des petits lampions verts et jaunes, un tapis vert… Atmosphère garantie pour attendre les résultats d’un premier tour aux surprises annoncées. De l’espoir à la déception, la soirée fut longue au quartier général d’Europe Écologie en ce dimanche 14 mars.

« Nous préparons la fête ! ». C’est pleins d’entrain et d’espoirs que les militants d’Europe Écologie accueillent les journalistes de demain dans leur quartier général. Chacun sa tâche. Les uns allument des lampions à l’extérieur, les autres préparent des toasts à l’intérieur et se racontent des petites anecdotes : « l’autre jour, je militais en faisant du porte-à-porte. Je suis allée chez un monsieur qui me disait avoir toujours voté pour le Front National. Aujourd’hui, il vote pour nous ! Comme quoi tout est possible ! », raconte une jeune femme.

Aux alentours de 19h30, arrive Jean-Louis Roumégas, tête de liste d’Europe Écologie en Languedoc-Roussillon. Un peu tendu, malgré un grand sourire affiché, le Vert attend son « destin » et répond aux questions d’Haut Courant. Il prend le temps de donner quelques interviews, de jeter de temps-en-temps des petits coups d’œil à la télévision annonçant les forts taux d’abstention et de répondre avec amabilité aux questions de son staff. Néanmoins, au milieu de cette fourmilière qui gravite autour de lui, et sous une nuée de flashs, son regard reste rivé à son téléphone portable. Il scrute les estimations.

A ses côtés, deux-trois candidats, de nombreux militants ou sympathisants. Haut Courant est allé à leur rencontre. Pourquoi votent-ils ou se sont-ils engagés auprès d’Europe Écologie ? Quel a été leur investissement pour cette campagne ? Quelles sont leurs impressions ? Réponse en image avec Stéphane Silice, tout jeune militant mais néanmoins très actif.

20h et des poussières, le moment fatidique : l’annonce officielle des premières estimations. Chacun a l’œil fixé sur les écrans géants. Et les caméras sur Jean-Louis Roumégas. La sentence tombe : Frêche arrive en tête avec 35,2, suivi par l’UMP Raymond Couderc avec 20% et le Front National avec 13%… Europe Écologie ne passe par la barre fatidique des 10%. Roumégas obtient, selon les premières estimations, 9, 5%.

Pas le temps pour le tête de liste de digérer la nouvelle : une nuée de journalistes lui tombent dessus : « alors, alors, vous êtes surpris ? Déçu ? Que va-t-il se passer maintenant ? » Difficile d’entendre la réponse dans le brouhaha. Mais, Jean-Louis Roumégas conserve son petit sourire, avec un brin d’optimisme qui le caractérise. Rien n’est encore joué. Les décomptages ne sont pas terminés.

Malgré cet optimisme affiché, notamment par Manu Reynaud, secrétaire régional des Verts en Languedoc Roussillon, qui dit aux caméras : « avec Montpellier, il reste encore une chance. Il y a un fort vote écolo. On va passer la barre des 10%, il n’y a pas de soucis.» … l’assistance est sous le choc. Seuls Georges Frêche, « la gauche de droite », l’UMP et le Front National passent au second tour. « Pas de vraie gauche au second tour ? C’est une catastrophe ! » s’exclament ci-et-là les militants et les sympathisants. Une voix s’élève : « Frêche, c’est scandaleux ! »

Chacun est déçu du résultat. Didier, 47 ans, sympathisant votant Vert depuis 1981, trouve «très inquiétant que le Front National ait repris des forces en Languedoc-Roussillon : bravo Besson !» Selon lui, la faute en incombe au débat sur l’identité nationale. Chose que confirme Claudine Paul : «la crise et le débat ont grandement joué sur ce vote FN». Puis, rajoute-t-elle, «la victoire de Frêche est surprenante, et pourtant sans surprises : grâce à cette victimisation, et aux médias qui ont fait sa campagne à sa place, il a tout gagné. Il n’y avait même pas de programme sur son tract !»

Alors, ce ne sont que des huées et des cris indignés qui accueillent le petit discours de Georges Frêche diffusé sur France 2, quelques minutes après l’annonce des premières estimations. Et lorsque ce dernier dit vouloir tendre la main aux écologistes, Mustapha Majdoul, candidat héraultais, s’insurge : « ce n’est qu’une mascarade ! Il se fout de la gueule du monde ! » Une militante rajoute :« jamais nous n’accepterons la main de Frêche ! »

Les résultats officiels donnent 9,12% des voix à Jean-Louis Roumégas. Seulement à quelques centièmes de point de la barre obligatoire des 10%. Europe Écologie a été doublée par le Front National qui obtient 12,67%. Un résultat, qui rappelle aux militants d’Europe Écologie, « un certain 21 avril 2002, version Languedoc Roussillon ».

Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas, au matin du 15 mars, à Midi Libre : « nous sommes dans une sorte de 21 avril à l’échelle du Languedoc-Roussillon où la gauche n’est pas représentée, les écologistes ne seront pas représentés au second tour […] Aucune force de la gauche officielle, celle que nous reconnaissons et avec laquelle nous pouvions fusionner, c’est-à-dire ni EE, ni le Parti socialiste, ni le Front de gauche ne seront représentés dans cette élection. » Ainsi, Europe Écologie ne donne aucune consigne de vote pour le second tour.

Julie DERACHE

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à propos de l'auteur

Auteur : Julie Derache

« Un photographe est un funambule sur le fil du hasard, qui cherche à attraper des étoiles filantes » (Querrec) Diplômée du Master 2 Métiers du journalisme, je suis passionnée à la fois par les lettres, l’écriture et par la photographie. J'aime à reprendre les mots d'Eric Valli : « La photographie est avant tout, pour moi, la rencontre, la découverte, l’apprentissage d’autres mondes. Et le partage. C’est parce que ce métier est avant tout humain qu’il me passionne. » Ces propos résument tout. Mes expériences professionnelles, mes rencontres, mes passions, et surtout pourquoi j’ai choisi d’être à la fois journaliste et photographe. Amoureuse des mots, des livres, des images et des rencontres, j’ai toujours eu à cœur de comprendre le monde et de défendre ce que je crois être des causes justes. Curieuse, j’ai toujours voulu acquérir le plus de connaissances et d’expériences possibles dans divers domaines. Ainsi, mes multiples cheminements, atypiques bien souvent, se sont constamment éloignés des sentiers battus. Jeune, je me suis engagée par le biais d’une action pour la protection de l’environnement soutenue par PPDA, Roger Gicquel, Robert Hossein, entre autres. Grâce à cela, j’ai appris les bases du métier de journaliste, son éthique, et surtout à me dépasser pour aller vers l’autre. Ensuite, mon baccalauréat littéraire en poche, je me suis dirigée naturellement vers des études d’Histoire. Après ma licence, je suis allée voir ce qui se passait ailleurs, au Québec. M’intéressant à l’investigation et voulant m’immerger dans l’histoire du pays qui m’accueillait, j’y ai écrit un essai sur la femme amérindienne chrétienne en Nouvelle France dirigé par Paul André Dubois (Université Laval), explorant ainsi la culture et l’environnement des Premières Nations. A mon retour, je me suis vraiment lancée dans le journalisme. D’abord en intégrant le Master 1 Science Politique et le Master 2 Métiers du Journalisme, puis en faisant des stages dans le monde de la presse comme du photojournalisme. Notamment à l'Agence Vu, au sein de la rédaction locale, de la rédaction Culture/Magazine de Midi Libre et de celle de Polka Magazine où j’ai notamment eu la chance de pouvoir publier une première photographie commandée par Alain Genestar. Au sein du Master, j'ai également rédigé un mémoire intitulé « Au delà des clichés. Des évolutions du photojournalisme et de l'avenir d'une profession » sous la direction d'Edwy Plenel. A ce jour, je le retravaille en vue de le publier. Pour conclure, je pourrai vous dire, en reprenant les mots de Cédric Gerbehaye : « Je fais de la photo parce que j’ai des convictions », en ajoutant que pour moi le journalisme, c'est à la fois les mots et l'image, et que mon objectif est de faire des reportages pour documenter ce dont on ne parle pas, pour rendre compte, pour témoigner en prenant le temps, en analysant, en assumant sa subjectivité.