Quand les moustiques font de la résistance

Par le 26 octobre 2014

L’été est terminé depuis longtemps, mais les moustiques n’ont pas décampé pour autant. Alors que les piqûres de l’insecte nuisible font des ravages sur les peaux découvertes, le phénomène n’en finit pas de susciter l’inquiétude. Une crainte renforcée par la présence dans l’Hérault du redoutable moustique-tigre et des récents cas de chikungunya observés à Montpellier. Comment lutter contre ce fléau ? Faut-il craindre une épidémie ? Eléments de réponse.

Heureux soit celui qui parvient à déjouer les piqûres de moustique ! L’insecte volant poursuit son offensive et ses « victimes » se multiplient à un rythme soutenu. Difficile, en effet, de passer au travers, même en cette saison automnale, d’ordinaire peu propice aux insectes. Si la présence du petit animal piqueur reste une constante durant les mois d’été, sa survivance en plein mois d’octobre est plus inhabituelle. De quoi soulever des interrogations quant à l’origine du phénomène.

Afin d’obtenir des réponses, direction le Centre National d’Expertise sur les Vecteurs (CNEV), une unité basée à Montpellier, au sein de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Créée en 2011 à la demande des ministères de la Santé et de l’Agriculture, cette structure unique en France a pour mission de fournir une expertise et des recommandations en matière d’entomologie médicale, autrement dit, de lutte contre les insectes. Au cœur des travaux menés au CNEV, les insectes vecteurs de maladies. Comme les moustiques.

L’humidité, terrain de jeu du moustique

Yvon Perrin, ingénieur d’études, nous explique l’importance des conditions atmosphériques pour la survie de l’espèce. «Un moustique a besoin de conditions climatiques particulières. La température, par exemple, joue sur la densité et l’agressivité. D’habitude, le pic de peuplement est plutôt au mois de septembre, juste après l’été. Cette année, les grosses pluies des dernières semaines ont mis en eau beaucoup de moustiques et il fait encore suffisamment chaud pour qu’il y ait des populations. Mais leur ampleur est exceptionnelle pour un mois d’octobre». Les épisodes pluvieux dévastateurs dans l’Hérault et le Gard semblent donc avoir favorisé la prolifération des moustiques, au regard des grandes quantités d’eaux déversées. Une véritable aubaine pour ces insectes qui affectionnent les endroits humides.

Faut-il craindre une épidémie de chikungunya ?

Plus inquiétant, il en est un qui a aussi profité de ces conditions favorables pour conforter son implantation. Originaire d’Asie du Sud-Est, le moustique-tigre s’est propagé à grande échelle en Europe, comme le détaille Yvon Perrin. « Il s’est adapté aux gîtes que pouvait créer l’homme dans son environnement, notamment les récipients d’eau ou les creux d’arbres. Grâce à sa capacité de diapause [hibernation], il peut survivre dans les régions tempérées. Il a colonisé les cinq continents en une dizaine d’années et s’est installé en France en 2004 ». Aujourd’hui, il est plus présent que jamais dans la région. « Nous assistons à une recrudescence, reconnaît l’ingénieur. Des collègues ont constaté des records de capture dans les pièges que nous avons installés ». Une progression qui inquiète d’autant plus depuis la découverte de cinq cas autochtones de chikungunya à Montpellier. Le plan anti-dissémination de la dengue et du chikungunya a d’ailleurs été relevé du niveau 1 à 3. Face à cette conjoncture, le scientifique se veut néanmoins rassurant. « Le risque de contamination est faible car la population de moustiques a diminué depuis que le climat s’est radouci. Or le virus a besoin de chaleur pour pouvoir se développer rapidement. Il peut encore survenir quelques cas mais c’est peu envisageable au vu des températures. En tout état de cause, il est peu probable qu’une épidémie majeure se déclare. Les risques diminuent de jour en jour ».

Fièvres et douleurs articulaires

Chez les personnes piquées par le moustique-tigre, les signes avant-coureurs doivent permettre une détection dans de courts délais. « Les symptômes sont communs à la plupart des infections virales. Outre des fièvres assez rapides, la particularité du chikungunya réside dans les douleurs articulaires qui peuvent être particulièrement invalidantes, d’où le nom de la maladie, dont la traduction en français signifie « maladie de l’homme courbé » ». Chez la plupart des gens, cela va durer quelques jours, le temps que le virus soit présent chez eux. Par contre, à la Réunion, on s’est aperçu que les douleurs pouvaient persister pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois », confie Yvon Perrin, qui rappelle qu’il est très rare que l’on meurt uniquement du chikungunya. « Mais cela peut arriver à des personnes qui ont déjà une autre pathologie et dont le système immunitaire est déjà affaibli ».

Comment se protéger ?

Il existe pourtant des moyens afin de lutter contre ce dangereux insecte. L’ingénieur du CNEV table sur la responsabilité de chacun. « Vu que la plupart des gîtes sont de petites collections d’eau chez des particuliers, cela passe par la limitation des points d’eaux stagnantes et inutiles, et la couverture des récupérateurs d’eau de pluie afin d’éviter que le moustique ait accès à l’eau pour venir pondre ». Malgré ces précautions, des moyens de protection personnels restent indispensables. « Les répulsifs cutanés sont assez efficaces et les moustiquaires peuvent aussi être utiles ». Les bracelets ? « Ça ne marche pas du tout, tacle Yvon Perrin. En revanche, les prises de diffusion en intérieur fonctionnent assez bien pour les moustiques nocturnes mais c’est moins efficace avec le moustique-tigre qui pique dehors et en journée ». Alors, l’insecte nuisible aurait-il déjà gagné ? « Il n’y a pas vraiment de solution miracle avoue le spécialiste, l’idée est de combiner les armes dont on dispose ».

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à propos de l'auteur

Auteur : NICOLAS FORQUET

Gros consommateur d’actualité, je m’injecte avec application ma dose quotidienne d’information. Quoi de plus passionnant que de plonger au cœur de l’évènement ? A mon intérêt pour le journalisme politique s’agrège un suivi de l’actualité à toutes les échelles : locale, nationale et internationale. Ma licence en sciences politiques à l’Université Lyon II m’a offert un savoir que je compte bien réutiliser dans ma pratique du journalisme. En quête de belgitude, j’ai passé ma troisième année de licence tout là-haut, à Bruxelles. Cette ville du « Nord » m’a séduit par son caractère chaleureux et son dynamisme, caché derrière son calme apparent. En intégrant un master 1 de sciences politiques dans la capitale des Gaules, j’ai décidé, en parallèle, de pratiquer une activité journalistique afin de m’immerger dans ce milieu tant fantasmé. C’est ainsi que j’ai exercé pour le quotidien régional Le Progrès en qualité de correspondant local de presse, pendant une année. Ce que j’en retiens ? Un univers passionnant et une pratique assidue du terrain, au contact de personnalités diverses, élus, acteurs du milieu culturel ou responsables associatifs. Cette expérience enrichissante m’a conforté dans mon souhait de m’orienter dans le monde de la presse et des médias. Ce Master 2, je le vois comme une opportunité destinée à assimiler les techniques propres à ce métier et à me donner les clés pour ouvrir les portes du journalisme professionnel.