Tecktonik : tensions autour d’une mode

Par le 20 décembre 2007

Trop de techno en boîte ? Impossible de bouger sur ce genre de musique ? Et bien si. La solution pour se défouler sur la piste : la Tecktonik. Une nouvelle danse, en club ou même dans son salon. Mais pas seulement. C’est aussi le dernier cri de la mode vestimentaire chez les jeunes. Tous les jeunes ? Il semblerait qu’elle ne fasse pas l’unanimité. Décryptage du phénomène.

Moqueries, insultes, voir bagarre : les temps sont durs pour les danseurs de Tecktonik. Un mouvement récent, à la mode chez les 12-30 ans, mais qui ne plait pas à tout le monde. La Tecktonik est née dans les clubs parisiens, dans les années 2000, et déferle en province depuis un an. Une nouvelle danse, qui se pratique sur de la musique électro, et en « crew ». « Un mélange de hip-hop et de disco », explique Vinz, vendeur au magasin « Express your tee », partenaire de la marque déposée, rue Saint-Guilhem à Montpellier. Par jour, ce dernier voit partir une centaine d’articles Tecktonik.
Depuis le mois de mai, cette mode fait un tabac. Le problème, la Tecktonik s’associe à un style vestimentaire particulier, qui n’est pas au goût de certains. Pantalon « slim », donc moulant, coiffure « air style », c’est-à-dire rasé sur les côtés et une crête au milieu, couleurs de t-shirt flashies…Dans la rue, le regard ne peut que se poser dessus, et le sourire se dessiner sur les lèvres. Ce style vestimentaire alimente les discussions des jeunes et avec le même refrain : « les slims pour les hommes ? Vraiment pas masculin ». Rien de méchant jusque là. Sauf qu’à Montpellier, il existe même une « BAT », « Brigade Anti Tecktonik », un groupe de jeunes qui ont leur propre danse. Ils entrent en conflit avec les adeptes de la Tecktonik dès qu’ils en ont l’occasion. « Ils dansent très bien, on a rien contre eux », déplore Mehdi, 17 ans. Sur l’esplanade, les danseurs de Tecktonik se retrouvent tous les mercredis pour s’entraîner. Ils sont de plus en plus confrontés à des bandes qui viennent les provoquer, et parfois, en viennent aux mains. Tout cela énerve Mehdi. Il dansait en « team » lui aussi, mais a préféré continuer en solo. « J’ai arrêté car il y avait trop d’embrouilles. Et puis j’en ai marre de cet effet de mode. Il y en a qui s’attachent vraiment trop au style. Même moi j’ai changé de vêtements pour faire comme les autres. Je n’étais pas à l’aise. Je me suis remis aux pantalons larges et je danse pour moi maintenant ».
Quoi qu’il en soit, il va bien falloir se faire à la folie Tecktonik. Ce mouvement purement français s’exporte dans plusieurs pays d’Europe, et aux Etats-Unis. Au Japon aussi, mais la ça nous étonne déjà moins.

Mohammed : « je suis le meilleur danseur de mon âge sur Montpellier ».

Quinze ans, mais un vrai petit bout d’homme. Mohammed n’est autre que le « bras droit » de DJ Wass, le leader de la « Wassteck », l’une des deux grosses team de Tecktonik à Montpellier. Moyenne d’âge, 16 ans, et une seule fille parmi les huit danseurs. Selon Mohammed, « on compte plusieurs centaines de danseurs de Tecktonik ici, mais seulement une centaine de bons ».
Il l’affirme, «je suis le meilleur danseur de mon âge sur Montpellier ». La fameuse crête sur la tête, le sweet fashion, blanc avec des étoiles, des diamants aux oreilles, il rentre parfaitement dans le moule Tecktonik. Mais lui aussi voit d’un mauvais œil l’ampleur du succès. « La plupart de ceux qui s’habillent comme ça ne dansent pas. Même les skaters et les racailles se mettent au slim ». Alors il crée lui-même les t-shirt de sa team. Et ses chaussures, il les a achetées en toile blanche, afin de dessiner dessus ses propres motifs, et pouvoir ainsi se démarquer des autres. Mais pas n’importe où. « Au collège je fais attention, je ne m’habille pas trop fashion. Je n’est pas envie qu’on me crache dessus ou que l’on me traite de gay ».
Mohammed a découvert la Tecktonik il y a six mois, en regardant des vidéos sur youtube. « En boîte je ne savait pas trop comment danser, et en voyant ça, j’ai adopté le mouvement ». Depuis quatre mois, il s’investit énormément. Il se démène pour organiser des « battles », ces compétitions de danses entre plusieurs teams. Créer les flyers, chercher une salle, les fonds pour la louer font partie de son job. Son but, faire connaître « la Wassteck » jusqu’à Paris. Quand on l’écoute, déterminé, on en oublie la crête qui retenait notre attention.

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à propos de l'auteur

Auteur : Audrey Montilly

Diplômée de l’IUT de journalisme de Lannion, j’ai pu effectuer plusieurs stages. En PQR mais également en télévision, à TV7 Bordeaux. Expérience très enrichissante puisqu’en télévision locale, j’ai pu effectuer des reportages de A à Z, de la prise d’image, au montage, en passant par la rédaction des commentaires. Puis je suis partie un an à Québec. Cours à l’Université Laval et stages, à Radio Canada, au service télévision. Une licence info-com et un master 1 de science politique en poche, j’ai pu intégrer le master 2 journalisme. Entre temps, deux étés à la Dépêche du Midi à Agen, un autre à Ouest-France, à Nantes, en 2007. J’ai longtemps hésité entre la presse écrite et la télévision. Entre l’écrit et l’image. Si j’ai privilégié l’écrit, le web pourrait me permettre d’allier les deux.