L’engagement écolo vu par les militants d’Europe Ecologie

Par le 4 février 2010

Il y a quelques jours, la réunion hebdomadaire d’Europe Écologie se tenait dans leur local Boulevard Ledru Rollin, à Montpellier.
L’occasion de discuter de leur engagement avec les militants de ce rassemblement entre encartés verts, et sympathisants de tous bords. L’occasion aussi de faire le point sur ce que veut dire être « écolo » pour ces militants aux profils très divers mais qui s’accordent sur une chose: l’avenir de notre planète passe par l’écologie.

La tendance écolo

«Je suis écolo», voilà une phrase qui revient souvent ces derniers temps au détour d’une conversation. Comme si la victoire retentissante d’Europe Écologie aux élections européennes de 2009, avait lancé la mode. Ou plutôt relancé la mode…
En effet, d’après une étude de Jacques Theys, haut fonctionnaire au ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, la tendance « écolo » fonctionne par vagues et par reflux.

Depuis 30 ans, plusieurs périodes de sensibilité à l’écologie se sont succédées. De de 72 à 77, puis de 88 à 92. Plus récemment de nombreux problèmes environnementaux ont suscité une vive émotion chez les citoyens français: la vache folle, la catastrophe de l’Erika, les OGM, les différentes inondations entre 1999 et 2001, sans oublier ces deniers jours le séisme à Haïti. Autant de facteurs qui expliquent la montée de l’écologie et font du « développement durable », des produits « bio » et « naturels » les nouveaux mots branchés d’une génération écolo.

Car l’écologie est bel et bien une histoire de génération.

C’est quoi être « écolo »?

Mais concrètement, au quotidien et dans leur vision politique, qu’est ce qu’être écolo? Qui pouvait mieux nous en parler que ces militants du groupe Europe Ecologie de Montpellier.

Yvette Siol et Mariane Bauduc, la cinquantaine rayonnante, ne manquent pas une seule des réunions du groupe Europe Ecologie. Très motivées pour les élections régionales, elles vont aller tracter, coller des affiches mais aussi sensibiliser leur entourage aux valeurs de l’écologie et de ce rassemblement dans lequel elle croit, de plus en plus.

Au quotidien, et ce depuis quelques années, Yvette explique «Je prends les transports en commun. J’évite les supermarchés pour privilégier les producteurs locaux. J’essaye d’acheter avec le moins d’emballage possible, et évidemment, je trie mes déchets.» Le déclic pour elle? «Un jour j’étais dans le bus, et je me suis rendu compte que Montpellier se transformait en un vaste bloc de béton, des nouveaux édifices sortaient du sol à une allure inquiétante. Odysseum par exemple je n’y mets jamais les pieds…Je me suis sentie révoltée par le peu d’importance que l’on accorde aux questions environnementales. Oui, c’était un ras le bol de la politique frêchiste d’expansion.» Et Mariane d’ajouter: «il faudrait re-localiser le commerce, lui redonner ce coté humain. Un projet de centre commercial du genre Odysseum est prévu à Pézenas. Il faut parler de l’emploi, du social, et Europe Écologie en parle dans son programme.»

Car c’est bel et bien le programme qui rassemble tous les membres d’Europe Ecologie, qui est «une alliance entre les verts, et les non-verts, c’est à dire les non encartés. Un rassemblement pas toujours facile à coordonner…» explique Jean-Yves Blaes, le secrétaire d’Europe Écologie Montpellier.

Pourtant, c’est «ce rassemblement hétéroclite de gens d’horizons différents qui veulent suivre un projet constructif en mettant de côté leurs personnalités respectives» qui a séduit Eric, cet ingénieur en environnement. Pour lui Europe Écologie incarne une idée arrivée à maturité, qui permet de mettre de la cohésion parmi les militants. Lui aussi au jour le jour applique des principes simples pour être en adéquation avec son engagement: «Je roule à vélo, si je dois utiliser un véhicule je favorise le co-voiturage ou les transports en commun…»

Abdel Benbakir, formateur en informatique a quant à lui a un lourd passé de militant. Il démarre son engagement dans un mouvement anti-rasciste dans les années 80, puis il continue à s’investir dans différentes associations lyonnaises qui luttent pour le droit au logement , sans jamais vouloir s’engager en politique. En 1995, il assiste à un meeting de Dominique Voynet et Daniel Cohn-Bendit, qui le convainc de s’engager chez les verts, «c’est la première fois que je trouvais des valeurs de solidarité et d’altérité en politique». Europe Ecologie, c’est un peu la continuité, «pour moi, c’est une constellation de forces rassemblées.»

Une vraie force de rassemblement de la gauche, mais une alchimie en péril

A la question de savoir si Europe Ecologie a réussi à s’ouvrir à un public plus large qui trouvait le programme des verts trop restreint à l’écologie pure, la réponse varie d’un militant à l’autre. Pour Abdel Benbakir, «le programme des verts a toujours intégré des dimensions sociales et économiques de qualité, mais qui n’ont pas été rendues visibles.» En revanche pour d’autres comme Jean-Yves Blaes, «j’ai décidé de m’engager avec Europe Ecologie justement parce qu’au contraire des Verts, je trouvais leur programme plus ouvert, plus réaliste, à une échelle européenne. Bref la seule vraie force de recomposition de la gauche.» Et il suffit de voir les figures médiatiques emblèmes d’Europe Écologie, De José Bové en passant pas Eva Joly, sans oublier le très médiatique « Dany le Rouge » ou encore le ralliement récent d’Augustin Legrand, fervent défenseur du droit au logement, et même Stéphane Gatignon du PC, l’ouverture est bien le maître mot. Abdel Benbakir, militant des verts parle «d’un mouvement généraliste et transversal». Sur la liste du Languedoc Roussillon, se mélangent aussi plusieurs tendances et des profils très différents.

Pourtant les récents évènements, et l’apparition d’une liste officiellement investie par Martine Aubry, mardi 2 février, et menée par Hélène Mandroux, maire de Montpellier, change la donne. Ce rassemblement qui se présente comme ouvert parviendra t-il a accepter de recevoir des ordres du grand frère PS qui réalise un peu tard la nécessité d’une gauche morale, alors que les écologistes mènent la bataille anti-Frêche depuis plusieurs mois… Pour l’instant le moral justement n’est pas au beau fixe concernant une alliance Europe Écologie et PS « résistant ». Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts, envoyé pour mener une mission de conciliation avec le PS, en direct de Montpellier les 30 et 31 janvier, a martelé: «Il ne faut pas que les socialistes essaient de faire croire que c’est une opération de salut public et que c’est nous qui serions les diviseurs alors que ça fait six mois qu’on attend qu’ils éclaircissent leur position».

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à propos de l'auteur

Auteur : Camille Garcia

« Avec le temps va tout s’en va », disait le grand Ferré... Tout, sauf cette envie de journalisme qui me tiraille déjà depuis longtemps. Le chemin fut sinueux et peu conventionnel avant d’intégrer ce master métiers du journalisme. Cinq longues années à errer entre une première année de droit, puis un master 1 LEA Europe qui aura eut le mérite de me faire franchir les frontières du territoire français pendant deux ans. Après un passage à Liverpool chez les quatre garçons dans le vent que sont les Beatles ou une épopée andalouse chez le roi Boabdil et sa divine Alhambra de Granada, me voilà en territoire Héraultais. « L e journalisme, c’est bouché » me disait déjà à l’époque Mme François la conseillère d’orientation en troisième. « Les journalistes, tous des fouineurs » ajoutait Mr Chabrier mon cher et tendre voisin. C’est dire si journaliste est une vocation, un sacerdoce qui demande avant même de pouvoir l’exercer une grande ténacité et une grande volonté pour s’opposer aux nombreux pessimistes voire détracteurs de la profession. Et pour continuer avec la morosité ambiante, maintenant, c’est la crise de la presse, la mort des journaux, le lecteur n’achète plus, ne fait plus confiance aux journalistes... Mais alors pourquoi vouloir se lancer dans une bataille déjà perdue ? Ma réponse est simple et courte : je ne me vois pas faire autre chose et c’est une histoire de passion et de passionnés. Je crois que c’est à nous futurs journalistes de reconquérir nos lecteurs, de revaloriser l’information, de la diversifier, de la rendre originale et pluraliste en répondant aux besoins du lectorat sans oublier de susciter chez eux l’envie de s’informer, d’en savoir plus. Alors même si les journalistes précaires se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes du grand Prévert, tant pis! Je reste convaincue qu’après l’automne vient le printemps et qu’une nouvelle génération de journalistes, la nôtre, aura sa place. Satanée optimisme quand tu nous tiens !