Pato, itinéraire d’un surdoué

Par le 26 janvier 2008

Le Milan AC peut s’enorgueillir d’avoir recruté la nouvelle attraction du football mondial. De nombreux observateurs considèrent Alexandre Rodrigues da Silva dit « Pato » comme le dernier joyau brésilien. Tout juste âgé 18 ans, le nouvel attaquant rossoneri connaît une ascension fulgurante.

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Né à Pato Branco, le 2 décembre 1989, Pato (canard en portugais), à l’instar de beaucoup de ses compatriotes auriverde, commence par le futsal, dès l’âge de 3 ans. Son talent dépasse rapidement les frontières de l’état de Parana et, à 11 ans, la famille du jeune prodige le laisse rallier le centre de formation de l’Internacional SC, l’un des plus renommés du pays. La légende Pato est en marche. Entre 2001 et 2007, Pato gravit tous les échelons au sein du club de Porto Alegre, des équipes de jeunes à l’équipe fanion, battant tous les records de précocité. La coupe Sendai 2006, organisée au Japon, le révèle au plus haut niveau international chez les jeunes. Bien que benjamin de la Pato_Alexandre.jpgcompétition, il marque le tournoi de son sceau sous les couleurs brésiliennes. Auteur d’un triplé, pour l’entrée en lice de la Seleção contre le Japon, puis de l’unique but du match contre la France, il offre ainsi le titre à son équipe la veille de son dix-septième anniversaire.

« C’est un phénomène »

Cette même année, il fait sa première apparition en équipe première face à Palmeiras à l’occasion de l’avant-dernière journée du championnat Brasileiro 2006. Son club a longtemps pris soin de camoufler sa perle aux médias, interdisant même à ses coéquipiers d’ébruiter son talent, le temps de voir à la hausse sa clause de libération. Ce jour-là, il crève l’écran. Sur son premier ballon, il marque le premier but de sa carrière chez les seniors puis délivre deux passes décisives. Fernando Carvalho, le président de l’Internacional ne tarit pas d’éloge sur le garçon : « C’est un phénomène, il a un bel avenir devant lui. » Pato ne tarde pas à illustrer ces propos. Lors de la coupe du monde des clubs, il ne cesse d’impressionner. Il donne le tournis à des joueurs comme Carles Puyol, le défenseur de Barcelone. Mieux en demi-finale face à Al-Ahly, il se paye le luxe d’effacer le roi Pelé des statistiques en devenant le plus jeune buteur d’une compétition organisée par la FIFA, à 17 ans et 102 jours. Son illustre aîné avait lui marqué contre le Pays de Galles à 17 ans et 239 jours. L’Internacional remporte la compétition aux dépens du club catalan et Pato explose définitivement aux yeux du monde.images-2.jpg
Doté d’un bon jeu de tête, habile des deux pieds et excellent dribbleur, l’adolescent attise la convoitise des plus prestigieux clubs du vieux continent tels que le Real Madrid, Chelsea ou encore l’Inter de Milan. Mais, finalement, c’est le rival honni de l’Inter, le grand Milan AC qui s’adjuge les services de la pépite, le 2 août 2007, pour la somme de 22 millions d’euros, du jamais vu pour un joueur de 17 ans. La présence de Ronaldo, son idole, ainsi que celles de ses compatriotes Cafu, Dida et Kaka dans les rangs milanais pesa lourdement dans la décision du Brésilien.
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Appelé en sélection brésilienne

Encore mineur, Pato doit attendre jusqu’au mois de janvier pour faire sa première apparition officielle sous son nouveau maillot, floqué du numéro 7. Qu’importe, il profite d’un match amical contre le Dynamo Kiev pour se mettre en valeur (un but et deux passes décisives). Abel Braga, son ancien entraîneur à l’Internacional ne doute pas une seconde de la réussite de son protégé au plus haut niveau : « Si vous avez la patience d’attendre 2 ans, alors vous détenez une perle. » Il n’aura pas fallu si longtemps à Pato pour déclencher une véritable « Patomania ». Le 13 janvier 2008, à domicile face à Naples, il marque son premier but en championnat d’Italie tout en faisant un grand match pour sa première titularisation. Après la superbe prestation de son attaquant, l’entraîneur du Milan Carlo Ancelotti se rajoute à la longue liste des fans du joueur : « C’est un garçon très mature pour son âge, il a la tête froide. Il a vécu ses débuts avec une extrême tranquillité. Il a montré tout ce qu´il savait faire, sa vélocité, sa coordination et sa rapidité à frapper. » Toute l’Italie est sous le charme. Claudio Ranieri, l’entraîneur de la Juventus pousse le compliment jusqu’à son paroxysme : « Il y a quelques extraterrestres dans le football et après ce que j’ai vu hier soir à San Siro, Pato fait partie d’eux. Il a joué comme un joueur de 30 ans, avec de la personnalité. »
Ses exploits poussent même Carlos Dunga, le sélectionneur de la Seleção à retenir le prodige en équipe nationale pour affronter l’Irlande en match amical, le 6 février à Dublin. Tout porte à croire que Pato sera l’un des fers de lance de l’équipe brésilienne lors des prochains jeux olympiques de Pékin. La trajectoire de l’enfant de Pato Branco semble incontrôlable. Mais, à seulement 18 ans, Pato a encore beaucoup à montrer au plus haut niveau pour prouver qu’il se pose définitivement en héritier de ses partenaires Ronaldo et Kaka.

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à propos de l'auteur

Auteur : Matthieu Marot

Limougeaud curieux de naissance, j’entreprends des études de sociologie au sortir d’un Bac S. La fac de Limoges me compte, ainsi parmi ses plus fidèles étudiants jusqu’à l’obtention de la licence. Puis, avide de nouvelles expériences, je décide de m’inscrire en M1 de science politique et migre vers Rennes. Mais, si la Bretagne recèle moult intérêts, le très renommé crachin Breton a vite raison de moi. Mon M1 dans l’escarcelle, je rentre dans ma contrée (le Limousin) où je fais mes premières armes dans le journalisme comme pigiste aux sports pour le Populaire du Centre (fameux journal local). Depuis ma plus tendre enfance, le métier de journaliste me trottait dans la tête. Le journal « L’Equipe » a grandement favorisé mon apprentissage de la lecture et développé mon attrait pour l’information dans son ensemble. Ma première expérience en presse écrite m’oriente définitivement dans cette voie. Durant cette année, je m’essaye également à la radio, mais ma préférence se dirige rapidement vers l’écrit. Désireux d’apprendre les bases théoriques de ce métier, de boucler mon cursus universitaire, j’intègre le M2 journalisme à Montpellier, mettant par la même occasion le cap au sud. Féru aussi bien de politique que des sujets de société ou de sport, j’aspire à travailler en presse écrite sur papier ou sur Internet.